Le RIKKA
Le Rikka est apparu vers le XVème siècle siècle, dans la continuité des compositions florales élaborées par les moines depuis le VIIème siècle.
La réalisation de ce style de bouquet suit des règles bien précises ; l'aboutissement en est une composition d'une grande harmonie, véhiculant de nombreux degrés de symboles.
Rikka de Meiji : style religieux traditionnel fait avec des éléments soigneusement gardés d'une fois à l'autre
« Il y a une trentaine d'années, je demeurais au Japon. Un jour je me rends à pied de Nara à Shingu traversant les montagnes du Wakayama, région méridionale du Honshu où les rites bouddhiques et shinto sont particulièrement vivants. Je séjourne dans les auberges traditionnelles ryokan à côté des temples, préservés de leur vieux bois patiné. Après une journée de marche où la sensibilité est exacerbée, quel n'est pas le choc en pénétrant dans l'entrée de cette vieille auberge où se tient le rikka, majestueux, imposant, sans être "tape à l'œil". Il siège dans cet univers de montagne profonde, faisant corps avec les troncs sombres et élancés des cryptomères. Avec une discrétion absolue, la moindre fleur y est pourtant reine. ...
« Le Rikka est construit à l'image du paysage de l'univers du bouddhisme : paysage fictif emprunté aux montagnes de Chine et appelé "Monts Shumisen", véritable chemin initiatique. Il comporte sept directions principales, voire neuf, auxquelles correspondent une symbolique à la fois religieuse et reliée à la nature : par exemple la direction la plus haute de la composition s'appelle tenchojiku, en jargon bouddhique, il signifie : "toutes les choses sont immuables et éternelles à l'instar du ciel et de la terre". Plus tardivement, cette direction s'appelle shin : beauté incomparable.
« Au XXème siècle, toutes les directions du rikka ont pu être affinées grâce à des outils tels fils de fer ou rubans floraux. Vers les années 50, l'utilisation de vases plus contemporains en céramique et de végétaux plus exotiques le modernisent.
Ces compositions sont toujours actuelles et les végétaux toujours choisis selon la saison, l'occasion et la place du bouquet. "
Extrait de l'article de Marette Renaudin paru dans la revue Esprit Bonsaï - n°3 - 09/03 (tous droits réservés)
Il m'était devenu familier
le vieux tronc craquelé du prunier.
En maintenant toutes ces fleurs !
Haïkaï de Enomoto Kikakou
Rikkas réalisés par Do-I Senseï,
Grand maître de Rikka de l'Ecole Senshin-Ikenobo
Rikkas réalisés par Marette Renaudin
En mars 2014, une exposition consacrée au Rikka a été dirigée par un grand maître d'Ikebana de l'école Senshin-Ikenobo, Madame Kazuko Asada, venue spécialement du sud du Japon pour cette occasion.