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l'Ikebana

Sur la droite du vase à l'élan rectiligne de la quenouille,
se mariaient les courbes pures des feuilles d'iris ;
Une fleur était épanouie ;
les deux autres, des boutons en train de s'ouvrir.
L'ensemble emplit l'espace de la minuscule alcôve

                    Rikyû  (maître du thé)

Présentation de l’Ikebana

hana

Le mot Ikebana vient de Ikeru, faire vivre, et de bana ou hana, fleur. On pourrait le traduire par «faire vivre les fleurs», «amener les fleurs à la vie»

L'Ikebana, art floral japonais, est un art millénaire dans lequel la disposition des éléments du bouquet est réglée par une symbolique héritée des offrandes de fleurs faites au Bouddha depuis le VIIème siècle. 

Un bouquet d'Ikebana associe végétaux de la nature et fleurs cultivées ; l'harmonie qui se dégagera de la composition naîtra du respect des principes de base, mais aussi du dialogue que le pratiquant aura établi avec les végétaux. Aimer et respecter les végétaux, connaître leur caractère, partir de l'écorce pour arriver au cœur... Peu à peu la pratique nous amène à entrer en relation avec la nature par l'intermédiaire des végétaux utilisés. 

Que l'on fasse son premier ou son centième bouquet, l'émotion est la même. Car chaque branche, chaque fleur est unique. 

Dans la grise et tremblante lumière
d'une aube de printemps, n'avez-vous jamais senti,
en entendant murmurer les oiseaux dans les arbres,
avec une cadence mystérieuse, que ce ne pouvait être
que des fleurs qu'ils parlaient entre eux

                    Le livre du thé de O. Kakuzo

Dans ce dialogue, à force de persévérance, ce sont les fleurs et les végétaux qui finissent par nous guider, et c'est grâce à la régularité de la pratique que l'on peut s'initier et entrer peu à peu dans la profondeur et la sensibilité de cet art. 

L'ikebana est plus qu'un art floral, il s'agit de marier les fleurs entre elles dans le respect et la connaissance de la nature. 

Le bouleversement artistique des années 50 incite les écoles japonaises à explorer de nouvelles techniques d'expression, à élaborer une forme d'ikebana où la créativité de l'artiste peut s'exprimer librement.

 " En connexion constante avec la nature, nous la rendant familière mais toujours imprévue, cette pratique, que l'on nomme Ikebana, nous amène à une connaissance de plus en plus profonde. N'est-ce pas cela, le Kado (Ka : fleurs, Do : voie) ? "

Extrait de l'article de Marette Renaudin paru dans Esprit Bonsaï-n°2-07/03 (tous droits réservés).

Historique de l’Ikebana

L’Ikebana est venu de Chine et de Corée en suivant la route de l’influence bouddhiste. Au VIème siècle, des moines importent au Japon la pratique des offrandes de fleurs au Bouddha et le précepte d'arrangement floral, manifestation du rapport harmonieux de l'homme et de la nature. Ils l'intègrent à la notion ancestrale de Hana , lieu de recueillement, situé sur une colline et planté d'un arbre sacré, symbole de la divinité.

A cette époque, l'art floral était réservé aux seuls moines. La symbolique des bouquets est fondée sur le principe masculin/féminin, intégré dans le Tout, l'univers. Le chiffre trois, la Trinité, principe de base de toute philosophie traditionnelle, en est le fondement.

Le Xème siècle voit la notion d'esthétique, de beauté, s'ajouter au caractère sacré des bouquets, ce qui permet aux " fleurs du temple " de sortir côté cour. Ce sont les jeux de Hana awase (jeux de cour).

Au XIIème siècle, cet art se simplifie. Le bouquet devient vertical c'est le Tatebana (tate : debout ; bana ou hana : végétal) : l'ancêtre du Rikka, bouquet traditionnel qui va évoluer au cours des siècles et se transmettre jusqu'à nos jours.

Au XVème siècle, cet art se codifie avec le premier traité d'Ikebana (Sendensho) et la création de l'école Ikenobo. C'est la naissance du bouquet de cérémonie (nouvel an, mariage, etc.) et du sentiment de Furyu : raffinement, élégance, beauté, légèreté.

Au XVIème siècle, apparaît le traité Senno Kudden le Rikka devient la transposition symbolique d'un paysage mythique emprunté aux montagnes de Chine, appelé " Monts Shumisen ". On y trouve les montagnes, les collines, les lacs, les chutes d'eau, les côtés ombre et soleil. C'est l'aboutissement du Rikka.

A la notion de Furyu (élégance, raffinement), s'ajoute celle de faste avec d'énormes arrangements floraux.

A la même époque, une autre idée se développe : le Wabi, valorisé dans les cérémonies du thé. Le Wabi est le retour à la simplicité, une seule fleur dans un vase, " un chrysanthème dans une jarre de terre, le lys candide dans une rustique bouteille de saké ". C'est aussi le retour au sacré avec la notion de rituel. 

Le Wabi a amené le style Nageire qui veut dire " lancer, jeter, mettre dedans "

Au XVIIème siècle, l'Ikebana devient accessible aux femmes et se transforme en art d'agrément. Parallèlement, on assiste à la naissance du style Seika qui reprend la notion de trinité des premiers bouquets.

Au XlXème siècle, on assiste à la multiplication des écoles et à la création du système Iemoto (père). Celui-ci, descendant des fondateurs, est le garant de la transmission du savoir ; il est appuyé par un collège de grand maîtres. Cette structure est le fondement d'un système plus démocratique que le système féodal antérieur, il permet de faire vivre les écoles d'une façon plus moderne, tout en préservant les traditions.

A la fin du XIXème siècle et au début du XXème, se développe un style plus moderne, le Moribana. Sous l'influence étrangère, de nouvelles variétés de fleurs et de végétaux sont introduites au Japon.

Au début du XXème siècle, l'Ikebana est pratiqué couramment au sein de la maison par les femmes japonaises. Un lieu particulier appelé le Tokonoma reçoit la composition florale. Dans les années 30, l'lkebana sort des maisons. Sous l'influence de l'art plastique européen, on parle de forme, surface, masse. On commence à utiliser des matériaux de type contre-plaqué, fleurs séchées, etc., dans la création de grandes structures ou de petits styles.

A l'heure actuelle, à côté des écoles très traditionnelles, se développent des styles d'avant-garde que l'on découvre lors des fréquentes expositions d'Ikebana, très prisées par les Japonais.

Pour en savoir plus sur les différents style, cliquez ici.